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Juin 2025 Vague de chaleur marine précoce en Méditerranée
Juin 2025 - La mer Méditerranée subit une nouvelle vague de chaleur marine, marquée par un épisode précoce, de 3° à 5°C au-dessus des normales (calculées sur la période 1991 et 2020) et par un record jamais enregistré pour un mois de juin avec une température moyenne de surface de 26,01°C à 26,30°C, mesurées par satellite sur l’ensemble du bassin. Cet épisode fait suite à plusieurs mois et saisons qui consécutivement, ont enregistré des températures anormalement hautes.
Le bassin semi-fermé de la mer Méditerranée est particulièrement exposé et, en lien avec le réchauffement climatique, la température de ses eaux se réchauffe à un rythme supérieur à la moyenne mondiale (respectivement, en moyenne +0,4°C/décennie contre +0,2°C/décennie). Ce réchauffement rend les vagues de chaleur marines plus fréquentes, plus intenses et plus longues. Thibault Guinaldo, chercheur en océanographie spatiale au CNRM ajoute que « ces phénomènes touchent toutes les mers et océans, avec un doublement du nombre de vagues de chaleur marine depuis les années 1980 » et que sur cet épisode précoce de juin 2025, à l’échelle régionale, toutes les façades maritimes françaises ont été impactées. »
La température des mers et des océans (de surface et de subsurface) est reconnue comme une variable climatique essentielle (Essential Ocean Variable – EOV). L'observation de ses variations spatio-temporelles est primordiale dans le contexte du réchauffement climatique mais aussi pour de nombreux phénomènes océaniques, comme les échanges gazeux océan-atmosphère, la pompe biologique de carbone, la stratification des couches océaniques, la profondeur de la couche de mélange, la désoxygénation et acidification des masses d'eaux, la circulation océanique à petite et grande échelle, les propriétés de la masse d'eau et les échanges entre le plateau côtier et l'océan ouvert.
L’acquisition continue et globale depuis plusieurs décennies, de mesures de températures des eaux de surface par satellite et en profondeur par des mouillages in situ permet de rendre compte de la variabilité spatio-temporelles, des grandes tendances et des anomalies sur le long terme caractérisant l’évolution de cette région marine. Les données utilisées dans cette actualité pour illustrer cet épisode, sont gérées par des Centres de Données et Services du pôle Océan ODATIS dont la mission principale est de mettre à disposition des données, des produits, des logiciels, des outils et ou des services.


Mesures in situ du réseau MOOSE
C’est la mission du réseau d'observation in situ du SNO MOOSE (Mediterranean Ocean Observing System for the Environment) de l’IR ILICO : collecter des données multidisciplinaires pour suivre le changement des écosystèmes sur la Méditerranée Nord-Occidentale par un système d’observation multisites et intégré, pour le soutien de la recherche et le suivi des écosystèmes marins méditerranéens.
La campagne annuelle MOOSE-GE est actuellement en mer (17 juin – 11 juillet 2025), à bord du R/V Thalassa pour sa 15ème édition dans le nord-ouest de la mer Méditerranée. Le programme comprend la maintenance de plusieurs mouillages instrumentés EMSO (bouées LION et DYFAMED notamment), le prélèvement d'échantillons d'eau de mer pour l'analyse de variables chimiques et biologiques (ADN environnemental), ainsi que le déploiement et la collecte de plates-formes autonomes Euro-Argo (flotteurs Argo).
La carte ci-contre (en haut) montre les températures mesurées par la Ferrybox installée à environ 2-3 m de profondeur à bord du Thalassa, entre le 17 juin et le 2 juillet 2025, sur le trajet du navire. Entre le 30 juin et le 1er juillet au large des côtes occitanes, les températures enregistrées dépassent les 28°C.
Les températures relevées sur les bouées fixes LION et DYFAMED maintenues par ce même réseau MOOSE, révèlent « l’intensité et la fréquence des vagues de chaleur marines, notamment en mer Ligure et illustre les changements impressionnants en cours en Méditerranée avec des anomalies record ces dernières années » (Laurent Coppola, graphique ci-ontre, en bas)).
En début d’été et dans ces conditions météorologiques sans vent, avec une mer très calme, la couche de mélange reste très stable et proche de la surface, ce qui participe à une forte stratification des couches d’eau dont les contrastes de température peuvent être très forts.

Une vue globale des températures de surface à partir d’imagerie satellitaire
Les anomalies de température de surface mesurées par satellites montrent une vue plus globale de ce réchauffement des eaux méditerranéennes. Sur cette date du 30 juin 2025, les écarts de température à la moyenne (calculée sur 1993-2014) sont supérieurs à +5°C sur de vastes zones du Golfe du Lion à la mer Ligure. Sur la façade atlantique, le golfe de Gascogne enregistre également des températures des eaux de surface de 3 à 3,5 degrés au-dessus des normales de saison. Ces données sont traitées au CDS-CERSAT pour le service marin Copernicus et également accessibles depuis le catalogue ODATIS.
Températures supérieures à la normale dans les estuaires nord-aquitains
Les stations de mesures in situ du réseau MAGEST enregistrent cette même hausse de températures dans l’estuaire girondin. Ainsi, la température journalière de la Garonne aval à Bordeaux a atteint des valeurs nettement supérieures à la normale quotidienne 2005-2024. Le 1er juillet, elle a culminé à 28,1°C, soit une anomalie de +4.6 °C par rapport à la normale quotidienne 2005-2024. Ces données sont gérées par le CDS-OASU du pôle ODATIS; publiées une fois qualifiées dans l’entrepôt SEANOE et directement accessibles dans le catalogue ODATIS.
Climat et Température de l'eau
Ce sujet du Climat et Température de l'eau était l’un des thèmes de notre série de webinaires ART Occitanie où Emmanuelle Autret, David Doxaran et Catherine Jeandel ont présenté les techniques de mesures satellite de la température dans les eaux côtières occitanes ainsi que les impacts et tendances dans cette région méditerranéenne : « La fréquence des canicules a considérablement augmenté ces dernières décennies, provoquant des vagues de chaleur marines avec des anomalies de température atteignant +6,5°C comme à Marseille en 2022 ; (…) les projections prévoient une hausse moyenne de +3°C à +3,2°C de la température de surface en Méditerranée selon les scénarios ».
Ce même constat et cette tendance sont décrites dans le Rapport Annuel 2025 Du Haut Conseil Pour Le Climat publié le 3 juillet 2025 : les vagues de chaleur marine sont listées dans l’inventaire des facteurs climatiques dont les impacts environnementaux sociaux et économiques sont emblématiques du changement climatique en France pour la période 2022-2024. Ce rapport détaille également les impacts et les conséquences sur la biodiversité marine avec des mortalités de masse et la présence d'espèces invasives en Méditerranée.
La future mission satellite franco-indienne, TRISHNA (Thermal infraRed Imaging Satellite for High-resolution Natural resource Assessment ) dont le lancement est prévu en 2027, permettra d’améliorer la résolution spatiale et temporelle de ces mesures de température de surface des eaux (continentales et côtières).
Plus d'information
- Climat et Température de l'eau en Occitanie - Série de webinaires thématiques : Les Défis de l'eau en Occitanie. Accès aux supports de présentation et enregistrement vidéos:
- Mesurer la température de l'eau superficielle dans les eaux continentales et côtières à partir d'imagerie satellitaire - Emmanuelle Autret (Ifremer), David Doxaran (CNRS/LOV) & Thierry Tormos (OFB)
- Menaces sur le littoral Occitan - Catherine Jeandel - CNRS/LEGOS
- MOOSE: Mediterrannean Ocean Observing System for the Environment : site web, réseau linkedIn pour suivre la campagne en cours (17 juin - 11juillet)
- Campagne MOOSE-GE sur le site de la Flotte Océanographique Française
- Bulletin MAGEST Qualité des eaux, juillet 2025, publié sur le réseau Mastodon
- Portail océanique Température de surface de la mer sur le site du Service marin Copernicus